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Psychomotricien
Le psychomotricien est un professionnel de santé au même titre que les kinésithérapeutes, les orthophonistes et les ergothérapeutes. Il exerce sa profession auprès d'enfants et d'adultes qui présentent des difficultés d'adaptation au monde à cause d’une intégration perceptivo-motrice perturbée. La cause du déficit peut être un trouble psychomoteur à proprement parler mais aussi un tableau plus large où la difficulté perceptivo-motrice n'est alors qu'une partie de la désadaptation.
Cette définition donne à la profession un champ d'action, du point de vue des lieux d'intervention, très large. Le psychomotricien s'adresse donc à une population de différents âges au cours de la vie pour des actions de dépistage, de diagnostic, de prévention, d'accompagnement et de rééducation.
Très au fait du développement de l'enfant et des troubles neuro-moteurs, le psychomotricien tente d'apporter, par des mises en situation et des apprentissages spécifiques, une réduction du déficit ou une disparition même du trouble neuro-développemental visé. A défaut il aide à la compensation et à l'intégration du sujet en prenant en compte ses déficits.
Si le cadre d'intervention est toujours le même : évaluation, diagnostic, construction d'un projet, réévaluation du travail effectué, les méthodes de thérapie sont, elles, riches et multiples. Elles empruntent à la recherche fondamentale comme à la recherche appliquée toute avancée qui pourrait aider le patient.
La rééducation ou thérapie psychomotrice est un des moyens qui permettent de restaurer l'adaptation de l'individu au milieu par le biais d'apprentissages psycho-perceptivo-moteurs. Elle s'adresse, pour l'essentiel, aux troubles psychomoteurs. Elle étudie à la fois les mécanismes perceptifs, c'est-à-dire comment et avec quelle efficacité le sujet extrait du milieu les informations pertinentes pour la réalisation de son projet moteur et, par ailleurs, le comportement moteur lui-même et ses caractéristiques.
Troubles psychomoteurs
Le trouble psychomoteur se manifeste à la fois dans la façon dont le sujet est engagé dans l'action et dans la relation avec autrui. Les troubles psychomoteurs sont des troubles neurodéveloppementaux qui affectent l'adaptation du sujet dans sa dimension perceptivo-motrice. Leurs étiologies sont plurifactorielles et transactionnelles associant des facteurs génétiques, neurobiologiques, psychologiques et/ou psychosociaux qui agissent à différents niveaux de complémentarité et d'expression. Ils sont souvent situationnels et discrets, entravant en priorité les mécanismes d'adaptation, constituant une source de désagrément et de souffrance pour le sujet et son milieu social. Leur analyse clinique s'appuie sur une connaissance référentielle approfondie du développement normal. Elle nécessite des investigations spécifiques dont l'examen psychomoteur, pour appréhender les aspects qualitatifs et quantitatifs des perceptions, des représentations et des actions du sujet.
Les principaux troubles psychomoteurs sont :
- le trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité,
- le trouble de l'acquisition de la coordination (dyspraxies de développement),
- les dysgraphies de développement,
- les incapacités d'apprentissage non verbal,
- les troubles spatiaux,
- les mouvements anormaux,
- les troubles de la dominance latérale,
- les troubles du tonus musculaire.
Les caractéristiques de ces troubles sont les suivantes :
- ce sont des troubles perceptivo-moteurs qui affectent les différentes fonctions d’exploration (aspects perceptifs), d’action (sur le milieu physique), de communication (notamment dans ses aspects non verbaux) et les manifestations émotionnelles ;
- ils se manifestent par des signes neurologiques doux qui signent l'existence d'un dysfonctionnement cérébral a minima ;
- ils sont associés à un complexe psychopathologique, comportant des facteurs émotionnels pouvant aller jusqu’à un véritable trouble psychiatrique qui soulève la question des comorbidités ;
- ils demandent une analyse des différentes dimensions (biologique ou organique, écologique, intentionnelle ou téléologique) pour permettre la prise en compte de la pluralité étiologique (Albaret, 2001 ; Corraze, 1981, 1999, 2010).
La notion de "thérapie à médiation corporelle", de ce fait, est un terme vague qui confond des niveaux divers d'intervention. Le corps a des dimensions cognitives, affectives, perceptives, motrices et communicatives dont l'intégration se fait à des organisations différentes. On peut considérer que les thérapies psychomotrices se situent selon un continuum à l'extrémité duquel on pourrait placer les psychothérapies verbales et à l'autre le biofeedback. A côté de l'aspect purement instrumental de la thérapie, portant sur la réorganisation du geste par exemple, les mécanismes cognitifs et affectifs sont également pris en compte et jouent un rôle important dans la recherche de l'amélioration symptomatique. Les contre indications ne peuvent par conséquent se définir de façon absolue, il n'y a que des indications mal posées. L'erreur la plus grossière résulte d'un réductionnisme qui affirme qu'il n'existe qu'une cause, ce qui n'a d'ailleurs aucun sens, et une thérapie passe-partout.
Albaret, J.-M. (2001). Les troubles psychomoteurs chez l'enfant. Encyclopédie Médico-Chirurgicale, Pédiatrie, 4-101-H-30, Psychiatrie, 37-201-F-10, Paris : Elsevier, 16 p.[pdf]
Corraze J. (1981). Les troubles psychomoteurs de l'enfant. Paris : Masson.
Corraze J. (1999). Les troubles psychomoteurs. Marseille : Solal.
Corraze, J. (2010). Psychomotricité : Histoire et validation d’un concept. In C. Matta Abi-Zeid & J.-M. Albaret (Eds.), Regards sur la psychomotricité libanaise (2000-2010) : de la théorie à l’examen psychomoteur (pp. 11-28). Beyrouth : Université Saint-Joseph.[pdf]